Certains diront que l’orthographe n’est pas si imprévisible qu’elle paraît. En effet, l’orthographe française est caractérisée par des régularités qui permettent parfois de faciliter les choix orthographiques des scripteurs. Par exemple, le phonème [o] s’écrit le plus souvent /o/ au milieu du mot et rarement /o/ en fin de mot. La séquence /eau/ est celle qui est la plus régulière en fin de mot, comme dans bateau, vaisseau ou château. Pourtant, on a aussi les mots moto, vélo ou zéro ou encore les mots tôt, trop ou vos, sans parler des mots pot, gros ou flot et des mots légaux, finaux ou maux. Tous ces mots sont relativement fréquents et, pour la plupart des élèves, connus à l’oral. Ils sont donc susceptibles d’apparaître dans un texte écrit. Dans la première série de mots (moto, vélo, zéro), les régularités orthographiques ne s’appliquent tout simplement pas. C’est aussi le cas pour la deuxième série de mots (tôt, trop, vos). En plus, les mots de cette dernière série sont marqués par une lettre muette « imprévisible » et différente d’un mot à l’autre. La troisième série de mots est aussi caractérisée par la présence de lettres muettes, cette fois-ci porteuses de sens (pot, gros, flot). Ces lettres muettes permettent de créer des liens avec des mots de même famille lexicale (respectivement poterie, potier; grosse, grosseur; flotter, flottement). Contrairement aux lettres muettes qui n’ont pas de sens, les lettres muettes porteuses de sens peuvent être maitrisées grâce à une procédure d’analyse morphologique au cours de laquelle la comparaison de mots de même famille permet de prédire la lettre muette finale. Enfin, la dernière série de mots se rapporte à des marques du pluriel (légaux, finaux, maux). Un raisonnement grammatical permet de déterminer l’orthographe de ces mots. Ces derniers exemples montrent à quel point l’orthographe française est complexe et souvent imprévisible. Évidemment, certaines régularités orthographiques sont plus « régulières » que d’autres. Mais on a aussi des cas complètement imprévisibles, comme le choix entre /an/ et /en/ qui ont chacun 50% de chances d’apparaître dans les mots du français
Source: http://www.fse.umontreal.ca/fileadmin/fichiers/documents/Rapport_final_MELS2015_D.Daigle.pdf